mercredi 31 mai 2017

On fête la nature sur les districts !

Un article écrit avec la contribution de France MERCIER, agent RN sur Crozet

Samedi dernier, nous fêtions sur les trois districts austraux la Fête de la Nature.

L'affiche annonciatrice de l'évènement - Photo : France MERCIER

Celle-ci est un évènement national qui vise à rassembler le grand public autour de la nature et de la biodiversité. Chaque année, cet évènement rassemble plus de 800 000 participants partout en France, au travers des manifestations gratuites et au contact direct de la nature, afin de découvrir ou redécouvrir notre environnement et ses richesses.

Ces journées festives sont également célébrées à l’autre bout du monde, au sein de la Réserve Naturelle des Terres Australes Françaises, sur chacun des districts, et sont organisées par les agents de la Réserve Naturelle et le Chef de district. L’implication des VSC de l’IPEV a permis de proposer lors de cette journée plusieurs ateliers participatifs et thématiques.

Photo : FM

RALLYE SISMO-ECOBIO au Biomar, proposé par Benjamin (IPEV Programme 136) et Simon (IPEV Magné-Sismo) 

Ci-dessus, un hivernant apprend à lire les différents type d'ondes émises lors d'un séisme et captées par le sismographe installé sur la base. Le but était de localiser le plus précisément possible le séisme. Le vainqueur a obtenu une médaille ! - Photo : Régis GLIERE
 
Atelier reconnaissance de plantes à partir de la grille d'identification ci-dessous ... - Photos : RG

 
... Puis récolte d'insectes à proximité du BioMar, identification à l'aide de clés de détermination et de la loupe binoculaire. Après des mois passés ici, nous sommes beaucoup plus attentifs à ce monde qui vit sous nos pieds !

A LA RECHERCHE DU VERT… en extérieur puis au bureau de la RN, proposé par France (Agent RN)

Après plusieurs échanges et questions posées autour de la flore rencontrée sur Crozet, un petit jeu a été proposé aux participants, en équipe. A partir de photos de plantes observées sur l’île, les participants devaient les classer dans deux catégories : espèce native ou espèce introduite. - Photo : FM

Entre les ateliers du matin et ceux de l'après-midi, nos cuisiniers avaient comme à l'accoutumée donné le meilleur d'eux-mêmes pour nous aider à faire face aux rigueurs de l'hiver Crozétien !

De l'intérêt de disposer de cuisiniers à domicile... - Photo : Denis MICHAUX

VOL AU DESSUS D’UN NID D’ALBATROS… au Biomar, proposé par Nicolas (IPEV Programme 109) 

Un petit quizz de reconnaissance des crânes et des œufs d’oiseaux présents sur Crozet a permis de débuter la thématique de l’atelier sur l’ornithologie. Après de nombreux échanges et questions sur la morphologie des becs ou des crânes en fonction du régime alimentaire, s’en est suivi une présentation des principales espèces aviaires rencontrées sur le district, le temps n’étant pas idéal pour des observations en direct en extérieur (brouillard et neige) - Photo : FM

ENTRE DUVET ET PLUMES… en Baie du Marin, proposé par Benoit (IPEV Programme 137) et Denis (IPEV Programme 119)

Deux manchots géants en train de présenter les supers-pouvoirs d’adaptation de leurs cousins manchots royaux, qu'on aperçoit en masse depuis la vitre du shelter d'observation du programme 137 - Photos : RG
 
Un squelette trouvé sur la plage, en très bon état, a permis d'expliquer l'anatomie du manchot - les prédateurs ne laissent pas grand chose... RIP

Après ces ateliers studieux se tenait un goûter "nature" à la serre, avant la projection du documentaire "les aventures du Makaï". Ce documentaire raconte les découvertes faites lors de l’expédition scientifique menée il y a quelques années dans ce sanctuaire malgache de biodiversité, aujourd'hui classé en aire protégée.

A noter enfin qu'un concours photo inter districts a eu lieu, qui verra les meilleurs clichés récompensés aux alentours de la mi-juin, dans 3 catégories : "paysage grandiose", "paysage de colonies", "au plus près des espèces". Crozet avait raflé les prix l'année dernière, avec notamment le premier prix pour la photo ci-dessous prise depuis le Mascarin, ainsi qu'un magnifique gros plan de Pétrel Géant en train de somnoler.

Photo : Julien TOMMASINO

Une journée très appréciée par tous les hivernants, et qui aura contribué à la visibilité des districts en tant que terre de science et recherches.

dimanche 28 mai 2017

Image du jour

L'image du jour est un lever de soleil saisi il y a deux jours. Celui-ci n'a sans doute rien d'exceptionnel pour les habitués du blog, mais puisqu'on ne se lasse pas de les admirer, pourquoi ne pas les faire partager ?

Photos : Régis GLIERE


Comme vous le voyez, le soleil est désormais bien plus rasant, et se lève bien "à gauche" de l'île de l'Est.

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Quelques précisions sur un tout autre sujet, qui m'ont été demandées par certains en cette période électorale : comment vote-t-on sur les districts ?

 Tout simplement par procuration. Il n'existe pas de possibilité de voter sur place. En revanche, les Chefs de district étant également OPJ - officier de police judiciaire, fonction pour laquelle ils ont prêté serment avant le départ - ils sont en mesure d'établir des procurations. Les formalités sont d'ailleurs désormais fort simples : un unique formulaire est à télécharger et à remplir, avant de le faire signer pour l'OPJ, qui le retourne à la mairie concernée.

Lorsque l'hivernant est suffisamment prévenant, le courrier part avec le MD. Et lorsqu'il n'y a pas pensé, ou lorsque les délais ne le permettaient pas, le Chef de district s'arrange directement avec les mairies, qui acceptent bien volontiers une transmission par courriel étant donné notre isolement. Le mieux reste donc d'établir la procuration avant de partir, même si aucune élection n'est prévue dans l'année, car un évènement peut toujours en décider autrement (démission ou décès d'un élu local par exemple). La durée pouvant être d'une année complète, la question est donc ainsi réglée.

Avis aux hivernants de la mission 55 qui nous lisent et se préparent à bientôt partir : pensez-y, de même que la procuration sur vos comptes bancaires ! 

Bon dimanche à tous les lecteurs !

vendredi 26 mai 2017

Orques - une interview très éclairante

Dans ces deux derniers articles sur les orques de Crozet (ici et), nous vous présentions quelques problématiques liées à ces exceptionnels mammifères marins. Pour compléter ces informations, nous vous faisons partager une interview très éclairante de Christophe GUINET, ce spécialiste des orques de Crozet et Kerguelen. Celle-ci se trouve en lien ci-dessous :


Photo : Patrick FONTOIN (Mission 51)

Dans cet entretien, le chercheur raconte la genèse et l'approfondissement de ce programme de recherches, revenant sur le braconnage dont ont été massivement et sont encore probablement victimes les orques de Crozet. Il répond notamment à la question d'un commentateur sur la taille de la population actuelle.

"Nous avons ainsi pu montrer que pendant les 5 à 6 années où le braconnage était intense, l’effectif de la population d’orques de Crozet a diminué de moitié, passant d’environ 180 à 90 individus en quelques années. Nous avons de très fortes présomptions que les orques qui interagissaient avec les navires de pêches illégaux étaient pris pour cible et que de très nombreux individus ont ainsi été tués. Dès l’arrêt de la pêche illégale, la population d’orques s’est stabilisée. Les effectifs de cette population sont restés inchangés depuis."

Photo : Patrick FONTOIN (Mission 51)



Grâce aux recherches sur le phénomène de déprédation, les habitudes et aptitudes de ce mammifère ont été progressivement mieux connues : c'est ainsi qu'il a été établi que les orques se nourrissaient déjà, avant même l'arrivée de la pêcherie à la palangre, de goûteuses légines.

"Les orques sont connus pour être « très conservateurs » dans leurs habitudes alimentaires et l’adoption d’un nouveau type de proie est un processus lent chez cette espèce. Cependant, nous pensions à l’époque que les légines vivaient trop profondément pour pouvoir être naturellement pêchées par les orques qui n’étaient pas supposées plonger au-delà de 300-400 m. Depuis, la pose de balises nous a appris que ces animaux étaient en mesure de plonger beaucoup plus profondément et donc accéder naturellement à cette proie."

Photo : mission 50

Les programmes en cours sont très bien expliqués et permettent de bien comprendre les travaux des deux scientifiques que nous vous présentions lors du dernier article sur le sujet :

"Faut-il protéger le poisson lors de la remontée des lignes ou aussi lorsque les lignes sont en pêche ? Pour étudier ces questions nous avons développé une ligne expérimentale dans laquelle des hameçons seront équipés d’accéléromètres. A partir de ces données, nous déterminerons le moment où le poisson mord à l’hameçon, meurt et à quel moment et quelle profondeur il est décroché par un cétacé. Les données obtenues par la ligne expérimentale permettront, d’une part, d’optimiser les opérations de pêche en déterminant la durée optimale de mise à l’eau de la ligne et d’autre part, de mieux comprendre le processus de déprédation afin de proposer des solutions adaptées. Par ailleurs, nous évaluerons la susceptibilité des différents navires/capitaines de pêche à être détecter acoustiquement et par conséquent trouvés par les orques et les cachalots en mettant en œuvre une ligne d’hydrophone. Nous testerons à titre expérimental différents systèmes visant à protéger la légine sur la ligne."
 
Photo : mission 50

Nous avions justement reçus ces jeunes chercheurs quelques jours pour qu'ils puissent faire la maintenance de cette ligne expérimentale. Espérons que ces programmes permettront à leur tour de valider leurs hypothèses !

lundi 22 mai 2017

Un dimanche (normal) à Alfred Faure

Alors que la neige commence à s'installer, quelques hivernants se sont livrés hier à l'exercice de la promenade dominicale vers le Branca. L'occasion de se donner bonne conscience après le traditionnel repas amélioré du dimanche - le départ est dans 90 jours, il est temps de faire un peu d'exercice !

En montant vers le Mont Branca, on distingue bien les grains au-dessus du canal des Orques - Photos : Régis GLIERE

L'occasion également d'admirer quelques sommets enneigés et de prendre le grand air, alors que s'annonce une semaine à la météo compliquée (vents forts et pluie). La montée au Branca permet presque toujours d'admirer les sommets proches et lointains à la fois des Monts Jules Verne et du Mischief notamment.
 
Savez-vous à présent reconnaître les différents sommets ?

Et en redescendant, un pâle soleil illuminait quelques instants notre chère Ile de l'Est au loin, faisant briller ses hauteurs blanches.


Des plaisirs simples mais vivifiants. Tout le monde n'a pas à portée de main une île déserte pour s'aérer, après tout !

Bonne semaine à tous les lecteurs du blog !

vendredi 19 mai 2017

Information du jour : nouveaux navires

Un hivernant nous faisait part avant-hier une information parue dans le JIR - il s'agit du Journal de l’Ile de la Réunion, très apprécié par nos contractuels réunionnais notamment, dont nous disposons chaque jour via notre FTP.

Extrait du JIR du 16 mai (cliquer pour agrandir)

Le nouvel Astrolabe sera donc opérationnel pour sa première rotation en Terre-Adélie à la fin de l'année, à la suite de la mise à la retraite du mythique Astrolabe I en début d'année après 30 ans de bons et loyaux services.

L'ancien Astrolabe - Photo : Arnaud LAINE

Quant au B2M Champlain, il appartient à une nouvelle classe de navires de la Marine Nationale, les navires de classe ... d'Entrecasteaux. Oui, le monde est petit, car les falaises d'Entrecasteaux sont aussi le nom donné au sans doute plus célèbre, ou en tous cas plus beau site de l'île d''Amsterdam.

Photo : Laurent LE GUINIEC

Antoine Bruny d'Entrecasteaux est un navigateur français du XVIII° siècle, mort du scorbut en 1791 au cours d'une expédition lancée à la recherche du célèbre La Pérouse, qui a quant à lui donné son nom à la Baie éponyme de Crozet, et à la cabane qui se trouve non loin. Ces noms évocateurs nous rappellent au quotidien que la découverte de nos îles fut réalisée par de grands navigateurs - pour ce qui nous concerne, Marc-Joseph Marion-Dufresne et son second, Julien Crozet.

La Baie du La Pérouse - Photos : Régis GLIERE
La cabane, avec le Mischief au-dessus

Revenons au Champlain, et souvenez-vous de cet article récent. Les B2M sont justement conçus pour répondre entre autres aux besoins de surveillance des immenses ZEE françaises, avec une autonomie en mer importante et une disponibilité sur l'année élevée. Le Champlain est le troisième d'une série de quatre navires, le premier (le D'Entrecasteaux) étant affecté à la Nouvelle-Calédonie, et le second, le Bougainville, en Polynésie Française. Bougainville, autre navigateur célèbre qui a donné son nom à la Pointe du même nom non loin de la Base Alfred Faure... Le quatrième sera affecté quant à lui aux Antilles.

Le Champlain - Photo : © Marine Nationale

Ces navires, comme leur nom l'indique, sont remarquables pour leur polyvalence  : surveillance des ZEE, projection de forces, sauvetage et assistance en mer, soutien logistique, avec un pont de travail important, lutte contre la pollution maritime, etc. Les B2M sont ainsi équipés :

- d'un câble de traction pour remorquer un navire
- de canons à eau de capacité 500m3/h pour éteindre un bâtiment en feu
- d'une cuve de 10000L de produit dispersant pour lutter contre les nappes d'hydrocarbures, ainsi que de possibilité de deploiement de barrages et autres équipements
- d'installations dédiées à la plongée pour accueillir des nageurs de combats
- de la possibilité de récupérer des ECUME et autres embarcations de commandos marine par aérolargage

Aerolargage d'une ECUME (embarcation commando à usages multiples) et récupération par un BATRAL - © Marine Nationale



   - de semi-rigides pouvant atteindre 30 nœuds et être armés, pour l'interception dans le cadre de mission de police des pêches ou de lutte contre le trafic illégal
- d'un chaland de 9m, de 40cm de tirant d'eau pouvant passer les récifs coralliens, et donc débarquer du matériel ou des petits véhicules sur des iles comme celles des Eparses
- de systèmes de stabilisation favorisant les opérations en mer par mer forte, ainsi que du positionnement dynamique qui permet de tenir un mouillage sans utiliser l'ancre, notamment dans des zones protégées avec le risque d'abîmer les fonds marins
- de moyens de détection de haut niveau, ainsi que pour le Champlain, du système COMCEPT permettant de recevoir des communications haut-débit
- d'une salle de soins
- de locaux de rétention
- etc.

Le pont de travail du Champlain - Photo : © Michel FLOCH

Capables d'atteindre 14 nœuds, ils mesurent 65 mètres de longueur pour une largeur de 14 mètres, et peuvent déplacer 2300 tonnes en charge. Avec deux équipages de 23 membres chacun se relayant, leur présence en mer pourra atteindre 200 jours par an. Ils peuvent en outre accueillir 17 passagers supplémentaires. Après le désarmement de l'Albatros en 2016 (voir son dernier passage à Crozet en 2015 ici), et avec le vieillissement du patrouilleur Le Malin, ces nouveaux moyens, bien calibrés pour les besoins du temps présent, sont donc les bienvenus. 

Le D'Entrecasteaux - Photo : © MER ET MARINE -Vincent GROIZELEAU

Plus de photos de l'Astrolabe II ici, à son arrivée à Concarneau :

https://arctique-antarctique-hurtigruten.blogspot.fr/2017/01/arrivee-du-futur-lastrolabe-concarneau.html

mercredi 17 mai 2017

Photo du jour : les journées raccourcissent

La photo du jour, ce sont la base et l'île de l'Est à 17h aujourd'hui. A un mois de la midwinter, c'est-à-dire du solstice d'hiver, les journées sont de plus en plus courtes. Celle qui vient de s'achever était, de façon inattendue au vu des prévisions, des plus agréables : presque pas de vent et d'une grande douceur.

Photos : Régis GLIERE

En se retournant, on aurait dit qu'un grand frère du mont Branca était subitement apparu derrière lui  :


Ces drôles de nuages étaient un peu plus tôt illuminés par le soleil couchant, mais nous n'avons malheureusement pas réussi à les saisir à temps.  


Quelques instants merveilleux pour finir une journée si douce ! 

lundi 15 mai 2017

Orques - la déprédation

A la suite du dernier article, un lecteur nous demandait ce qu'il en est de la population d'orques de Crozet. Je vous propose pour y répondre un lien vers un excellent article sur le sujet, paru sur le blog "le monde philatélique" du monde.fr en 2015 :


"Les orques ont été victimes de la pêche illégale de la légine, dans les années 1995-2002, années durant lesquelles jusqu’à 27 navires braconniers exerçaient dans les parages de Crozet. Mais, du fait de la baisse des stocks disponibles de légines et qu’elles pouvaient se servir en fournissant de moindres efforts (de plongée en particulier), les orques ont commencé à « inter-réagir » pour se servir et intercepter les poissons à la remontée des lignes ! [...]


Le paradoxe, c’est que les orques qui n’interagissent pas avec la pêche ne parviennent pas à se reproduire correctement et leurs taux de reproduction, quasi nul, les condamne à disparaître à moyen terme. Les groupes qui prélèvent des légines sur les lignes ont un taux de reproduction «normal», soit un petit tous les 5 ans. Ces orques sont devenues « pêcherie-dépendantes »."

Orque devant la colonie de manchots papous - Photo : Marine BENOISTE (manchologue mission 53)

Comme on le voit, la déprédation constitue une réelle problématique, tant pour les populations d'orques, qui serait devenues dépendantes à la pêche, que pour les pêcheurs, qui perdent eux-mêmes jusqu'à un tiers de leur lignes (pour un déficit estimé à 60M d'euros sur la période 2003-2012). Presque chaque semaine, nous recevons en même temps que les "avipêches" des palangriers sur zone, qui récapitulent le niveau et la nature de leurs prises, des commentaires sur le niveau de la déprédation : celle-ci atteint parfois des sommets.

Les pêcheurs n'ont généralement pas d'autres solutions que de tenter de mettre le maximum de distance entre eux et les orques, mais ces derniers semblent reconnaître à coup sûr le bruit des moteurs. Et lorsque toutes les secteurs de pêche sont plein, il leur est impossible de quitter le leur. Toutes les techniques utilisées jusqu'à maintenant pour limiter la déprédation se sont en effet avérées globalement infructueuses.

Orques et son petit en BdM - Photo : Marine BENOISTE

Nous recevions d'ailleurs début février derniers deux thésards du CEBC, centre de recherche de Chizé mentionné dans l'article du Monde. Encadrées par C. GUINET, lui-même ancien hivernant à Crozet à la fin des années 80, leurs thèses visent à mieux comprendre ce phénomène ainsi que ses conséquences démographiques et économique.

  • En reprenant les travaux réalisés par Paul Tixier sur les orques de Crozet, analyse des données de pêche, pour savoir si nous pouvons agir sur les pratiques de pêche pour limiter cette fois-ci, la déprédation par les cachalots.
  • Analyses socio-économiques : évaluation des coûts directs de la déprédation et des coûts indirects (temps de pêche, carburant, masse salariale supplémentaires).
  • Analyse démographique (survie, reproduction, taille des populations) avec les données de photo-identification obtenues jusque 2015 et disponibles au CEBC.
  • Analyse de l’évolution du taux d’interaction sur la période de pêche et analyse du réseau social afin de comprendre comment s’est propagé ce comportement de déprédation à l’échelle populationnelle.
  • Analyse des différences intergroupes (orques) ou inter-individus (cachalots) de la distribution spatio-temporelle des interactions pour identifier les zones de pêche à plus forte susceptibilité d’interaction.
  • Le premier objectif visera à expliquer les variations de taux d’interaction observées d’un navire de pêche à l’autre. Certains bateaux aux caractéristiques sensiblement identiques (« sisterships ») subissent des taux de déprédation fortement différents. L’une des voies de recherche est d’essayer de déterminer si ces variations de susceptibilités à la déprédation sont dues aux différences de pratiques de pêche selon les capitaines de pêche (i.e. approche opérationnelle) ou à des caractéristiques  intrinsèques aux navires, tout particulièrement en ce qui concerne les signaux acoustiques générés lors des opérations de pêche. Les signatures acoustiques seront enregistrées lors du filage et du virage par une ligne verticale de 4 hydrophones déployée à partir des palangriers. 
  • Le deuxième objectif sera de déterminer à quelle profondeur et à quel moment les deux espèces interagissent avec les palangres (en fonction des profondeurs de pêche). Pour cela la ligne de 4 hydrophones sera utilisée comme traqueur acoustique, permettant de localiser spatialement chaque son émis par les cétacés, en distance et profondeur par rapport aux hydrophones.

Départ des deux scientifiques sur l'Ile Bourbon réalisé lors d'une escale le 3 février dernier - Photo : Régis GLIERE


Ces derniers ont embarqué entre janvier et mars sur des palangriers pour réaliser leur étude. Entre deux navires, et pour faire quelques réparations sur leur matériel, ils ont débarqué quelques jours sur le district, ce qui nous a permis d'échanger avec eux sur ces problématiques. Des discussions très intéressantes, au cours desquelles ils nous ont expliqué quelques unes de leurs hypothèses de travail.

A noter qu'une partie de ces recherches sont financées par un nouveau programme auquel les armateurs sont partie prenante, dénommé "OrcaDepred", qui a pour but "d'apporter des informations précises sur le processus de déprédation de la légine et de tester des méthodes de pêche susceptibles de supprimer la déprédation tout en restant compatible avec les enjeux de la pêche australe." On suspecte par exemple que les orques pourraient détecter les changements de régime des moteurs des navires lors de la remontée des lignes et l'assimileraient à la nourriture - hypothèse étudiée par la thèse de Gaëtan.

Ce bonbon s'en est tiré juste à temps ! - Photo : Marine BENOISTE




Vous aurez peut-être également noté en suivant les liens que ce comportement spécifique ne se retrouve qu'à Crozet. La déprédation n'est en effet pas un comportement observable chez les orques de Kerguelen. Celle-ci est quasi-exclusivement le fait des cachalots. 

Beaucoup reste à comprendre, donc, dans le comportement de ce mammifère marin. Si un jour sont trouvées des techniques limitant la déprédation, il n'en reste pas moins que sa survie à long terme est une inconnue, entre tueries vraisemblablement pratiquées par les braconniers en-dehors de la ZEE française et dépendance à la pêcherie des orques de Crozet.