vendredi 28 février 2014

La lutte contre la dégradation du milieu naturel par le piétinement des sols

(Un article en collaboration avec Mathilde FONTAINE, agent de la réserve naturelle)

Parmi les missions confiées aux agents de la réserve naturelle, la protection du milieu est une priorité qui passe par la diminution de l’impact du piétinement, lors des déplacements sur l’île.
Sagina procumbens (espèce invasive) sur le sentier, Acaena magellanica et Agrostis magellanica (espèces locales) de part et d’autre du sentier - Photo Mathilde FONTAINE
Le passage répété des personnes abîme les espèces locales et favorise par endroit l’installation de plantes introduites. (cf. photo ci-dessus) 

Plusieurs solutions sont proposées pour limiter cet impact.
La première consiste à utiliser des raquettes fabriquées initialement pour marcher sur la neige. 
Photo Alizée FOUCHARD

Elles permettent de repartir le poids du corps sur le sol, préservant les mousses sensibles au piétinement. Elles facilitent également les déplacements sur les sols très humides. 

La seconde solution consiste à aménager certaines zones de passage en installant des caillebotis aux endroits propices.
Photo Steven LEBRAS
Depuis 2010, des caillebotis sont ainsi régulièrement déposés par hélicoptère, à l'occasion des « OP », aux différents endroits de l’île ciblés par les agents de la réserve naturelle.
Photo Mathilde FONTAINE


Ces derniers, avec l'aide des autres hivernants, répartissent les caillebotis à bout de bras (23kg l’unité !) aux endroits souhaités, constituant ainsi des portions de cheminement stabilisé.
Steven et Mathieu, avant OP3 2013


Mathilde et Caroline en plein effort - Photo Alizée FOUCHARD







lundi 24 février 2014

La médecine à Crozet

La base Alfred Faure est un petit village qui dispose de son mini-hôpital. C'est même l'un des plus vieux bâtiments de Crozet puisqu'il a été construit entre 1969 et 1971.

Dans ces lieux exerce depuis novembre 2013 le Docteur Joëlle LUDWIG.
Médecin généraliste depuis une quinzaine d'années, Joëlle est une habituée des Terres Australes et Antarctiques Françaises.




En effet, à 48 ans, c'est son deuxième contrat avec le service de santé des armées (SSA), puisqu'elle a déjà effectué une mission de 15 mois sur l'île d'Amsterdam de décembre 2011 à mars 2013.
Kit d’intervention d'urgence : défibrillateur, collier cervical et sac médical
Dans l'entrée du bâtiment, en face de son bureau, se trouve le kit d'intervention d'urgence, au cas où il faudrait organiser une opération de secours.

Pour venir travailler dans les bases australes, elle a suivi avant chaque départ une formation complémentaire de 3 mois en chirurgie, anesthésie et dentisterie.

En l'absence de spécialistes, Joëlle est seule aux commandes de ce mini-hôpital et doit soigner petits et gros bobos des hivernants, comme ceux des visiteurs de passage, tels que les pêcheurs, les touristes du Marion Dufresne et même parfois des marins des bateaux de la Marine Nationale.

L'hôpital est équipé d'un bloc opératoire, d'un petit laboratoire de biologie, d'un appareil de radiographie....

Un petit laboratoire de biologie et un appareil de radiographie
....et même d'un siège de dentiste.

Toutes photos Serge FUSTER
En l'absence de personnel infirmier, Joëlle a du assurer la formation de volontaires parmi les hivernants, pour constituer des équipes d'assistants médicaux, spécialisés en chirurgie ou en anesthésie. Elle a également un rôle de soutien psychologique auprès de ceux qui le souhaite.
Ce qu'elle apprécie le plus dans ces conditions atypiques d'exercice de la médecine ?
"L'expérience humaine, la spécificité des relations nouées sur les îles isolées, liens intermédiaires entre les liens familiaux et amicaux"

mercredi 19 février 2014

Albatros fuligineux : les photos de Régis et Mike

Les albatros fuligineux inspirent les photographes de la mission 51. Les photos ci-après ont été prises par Mickaël PARISOT et Régis LERQUEMAIN.

Photo MP
Photo MP

Photo MP

Photo MP
Photo RL


Photo RL

Photo RL

Photo RL

Photo RL

Photo MP

dimanche 16 février 2014

Dos clairs, dos sombres : les Albatros fuligineux de Crozet

Pour un observateur non averti, les "dos clairs" et les "dos sombres" se ressemblent beaucoup. Pourtant, les deux sortes d'Albatros fuligineux qui nichent sur l'île de la Possession sont très différentes.
Albatros fuligineux à dos sombre - Photo Serge FUSTER
Albatros fuligineux à dos clair - Photo Mickaël PARISOT
Le dos clair, qui niche sur les falaises Est et Sud de l'île, se nourrit dans les eaux antarctiques alors que le dos sombre (appelé également albatros brun), s'est établi sur la côte nord et fréquentent plutôt les eaux subtropicales.
Dos clair - Photo Serge FUSTER
L'Albatros fuligineux à dos clair est un peu plus grand que le dos sombre. Il pèse de 2,5 à 4 kg pour une envergure de 1,8 à 2,2 m (contre 1,8 à 3 kg et une envergure d'environ 203 cm pour le dos sombre).

Son corps est gris cendré alors que celui du dos sombre est plus foncé. Les parties supérieures brun grisâtre présentent une zone plus claire sur le dos. Son bec noir est bordé d'une ligne bleue sur la mandibule inférieure, alors que celui du dos sombre présente une bordure jaune crème. Les cercles orbitaux sont blancs et interrompus en avant des yeux.

Dos clair - Photo Serge FUSTER
L'Albatros fuligineux à dos clair niche sur les falaises en nids isolés ou petits groupes. Il ne se reproduit qu'une fois tous les 2 ans, et peut vivre plus de 50 ans. Les oeufs sont pondus entre octobre et novembre et les éclosions s’étalent entre décembre et janvier.
Jeune poussin dos clair - Photo Serge FUSTER




Les jeunes de l’année quittent le nid en mai – juin et atteindront leur maturité sexuelle entre 7 et 12 ans plus tard.
Dos clair en approche du nid - Photo Mickaël PARISOT
Photo Mickaël PARISOT

L'Albatros fuligineux à dos sombre construit également un nid élevé pour prévenir les éventuelles chutes de pierres.Tous les 2 ans, la femelle pond 1 seul oeuf qui éclot en janvier.
Timothée POUPART - ornitho du programme 109 - Photo Serge FUSTER

Le poussin est nourri par les deux parents jusqu'en avril, date de son envol.Le jeune albatros fuligineux ne reviendra sur l'île qu'à l'âge de 7-8 ans pour trouver un partenaire de reproduction auquel il restera fidèle toute au long de sa vie.

Ces deux sortes d'Albatros sont menacées par les rats qui peuvent exercer une prédation sur les oeufs ou les poussins.

jeudi 13 février 2014

Paco DECINA : retour sur deux mois passés sur l'île de la Possession

Arrivé le 11 décembre dernier lors de l’OP4 2103, Paco Dècina, chorégraphe contemporain (http://ilescrozet.blogspot.com/2014/01/un-choregraphe-contemporain-en.html) nous donne ses impressions après deux mois passés à Crozet.
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"Depuis mon arrivée à l’île de la Possession, dans l’archipel de Crozet, le temps et l’espace me semblent avoir changé de densité. 
Les cieux, toujours changeants, recouvrent avec leurs nuages lenticulaires, une terre non contaminée, qui semble nous ramener sans cesse, au début du temps, quand la spontanéité brutale et généreuse de la nature n’avait pas encore été apprivoisée. 
C’est dans ce cadre que mes journées se déroulent tranquillement au rythme des vents subantarctiques, qui viennent scander les taches quotidiennes en permettant ou pas, l’aboutissement des activités que nous avons à faire. 

L’île est magnifique, sublime ! J’ai pu me promener sur des sites de rêve, avec des vues imprenables, loin de tout, en accompagnant les différents programmes scientifiques le long de leurs opérations ou « manip », suivant le jargon des districts des TAAF. 



J’ai pu contempler les beautés inlassables de la nature, des animaux sauvages, apprendre leur comportement, leurs habitudes et les différentes approches pour pouvoir les étudier. J’ai pu assister aux travaux de laboratoire, participer aux réflexions sur les différentes méthodes d’éradication des espèces invasives, m’appliquer aux travaux de la vie commune et partager un peu de mes savoirs en proposant des séances de DAO YIN (guider, conduire, diriger et entraîner, attirer, étendre le souffle). 
Ancêtre des actuels QI GONG, le DAO YIN est une forme de gymnastique douce qui permet une prise de conscience progressive de dimensions de plus en plus subtiles du vécu du corps, conçu ici, comme une manifestation lente et lourde de l’esprit. 

Dans ces paysages de rêves je contemple. Mes notes, mes traces, mon journal de bord ne sont que des images vidéo, des photos ou des prises de sons. Cela pour essayer de ne pas interpréter et préserver ainsi un peu de ce mystère qui semble nous habiter lorsque nous nous abandonnons aux mouvements spontanés du souffle de la nature. Je thésaurise ainsi, sans trop vouloir savoir comment tout ce vécu va prendre forme. La graine créative est désormais plantée, il faut juste lui laisser le temps de pouvoir germer."

jeudi 6 février 2014

La gérance postale de la base Alfred Faure

Patrick est un homme très sollicité. Chef du Bureau Communications Réseaux (BCR), il est également le Gérant Postal (GP) de la base Alfred Faure.
Patrick, le Gérant postal - photo Serge FUSTER
Dans ce cadre, il assure la vente de tous les produits nécessaires aux activités postales.
Il est également chargé de la réception et de la distributions des lettres et colis, de la confection et de l’expédition des dépêches postales, et enfin de l'oblitération et de l'envoi du courrier.
Ainsi, à chaque OP, il reçoit une dizaine de sacs (entre 10 et 20 kg chacun) de courriers et de colis et il en expédie cinq ou six selon la période.

Les casiers de stockage des plis en attente












Des philatélistes du monde entier font parvenir à la Gérance Postale des courriers pré-timbrés, pour que le GP y applique les tampons des hivernants, le timbre à date correspondant au passage d'un bateau particulier et le cachet de positionnement (coordonnées géographiques de la base). Certains plis attendent pendant des mois, dans les casiers dédiés, le passage du bateau souhaité afin d'être tamponnés par le cachet du capitaine ou du commandant.

Patrick conserve sur son bureau les différents tampons personnalisés des hivernants
Le Gérant Postal accueille les marins, les passagers et les touristes de passage sur Crozet, qui souhaitent acheter des timbres, des cartes postales ou des enveloppes illustrées.
La collection de timbres est renouvelée chaque année.

Les 1500 lettres qui sont déposées en moyenne chaque mois à la Gérance Postale sont oblitérées à l'aide de deux machines : un ancien modèle manuel de machine SECAP et une machine électrique plus récente de marque SATAS.

L'ancienne machine à oblitérer SECAP

Flamme de l'ancienne machine manuelle SECAP

Flamme de la machine SATAS

A l'occasion d'évènements particuliers, le Gérant Postal édite des enveloppes spéciales, avec des photos imprimées illustrant l'actualité concernée.
Ces plis, en quantité limitée, sont très prisés des collectionneurs.

Enfin, de temps en temps, des soirées "signatures" d'enveloppes sont organisées. Certains philatélistes souhaitent avoir les tampons des hivernants paraphés par ces derniers.


lundi 3 février 2014

Eradication par traitement thermique des plantes introduites à Crozet

Des plantes ont été involontairement introduites au fil du temps dans l'archipel des îles Crozet. Les mesures de biosécurité misent en place depuis la création de la Réserve Naturelle en 2006 limitent désormais le risque de nouvelles introductions mais la dissémination de plusieurs espèces est déjà importante.

Depuis 2010, les agents de la réserve naturelle des Terres australes françaises réalisent des actions d’éradications par arrachage sur certaines espèces végétales ciblées.


Cette année, devant les difficultés rencontrées lors de l’arrachage (évacuation des déchets) et devant l’efficacité parfois limitée de cette méthode, le désherbage thermique à flamme directe est testé pour la première fois.
Alizée, agent de la Réserve Naturelle sur le site de la Baie Américaine - Photo Mathilde FONTAINE

Les avantages de cette technique sont l’absence de pollution du sol et une limitation de la germination des graines à la différence de l’arrachage qui retourne et met à nu le sol.

Seules quelques espèces listées et bien définies sur quelques sites sont traitées avec cette technique, comme par exemple la Flouve odorante (Anthoxanthum odoratum).

Chaque plante doit impérativement être brûlée dans sa totalité (c’est-à-dire toutes les parties aériennes de la plante) 

Le but n’est pas de carboniser la plante mais de la chauffer à environ 90°C pendant 2 à 3 secondes. 
Mathilde, agent de la Réserve Naturelle, en plein travail sous l'oeil de Paco DECINA (chorégraphe et inspecteur des travaux finis) - Photo Alizée FOUCHARD
Les plantes ne sont pas éradiquées lors du premier passage mais nécessitent 5 ou 6 brûlages avant d’en venir à bout.

Il faut donc repasser régulièrement (1 fois par mois) sur les sites brûlés et recommencer.

L'utilisation d'un déherbeur à flamme nécessite des précautions et le port d'équipements de sécurité spécifiques tels que des gants et des combinaisons qui résistent au feu.