mercredi 26 décembre 2012

Noël à Crozet

laureline,

Une fois n'est pas coutume, les trente trois Crozétiens étaient sur base le 24 au soir... La préparation du réveillon avait commencé en matinée aux cuisines, avec l'aide de quelques volontaires pour préparer un diner d'exception.

Lilian au travail peu avant le "coup de feu".
Elle s'était poursuivie à la plage par l'arrivée du Père Noël, dans une carriole tiré par un manchot mutant et le tout en présence d'un bonhomme vert (il cherchait peut-être à se faire passer pour celui du Cétélem? En tout cas nous, on n'y a pas cru!) Vous remarquerez que la pose du Père Noël s'inspire directement d'un style qu'on croyait révolu-tionnaire.

Les lecteurs attentifs noteront la présence d'arbres en arrière plan: cette statue du grand homme ne se trouve donc pas à Crozet !


Ensuite, une fois sa hotte chargée de mille cadeaux, le Père Noël se dirige vers la "Vie Com" où l'attendent petits et grands....mais des rafales de vent de plus de 80 km/h contrarient le petit cortège.


Il faut savoir que notre Père Noël, décidément bien indigne, est aussi gérant du stock de bière de la base... ceci explique cela.
Les festivités débutent vraiment au "Cronibar" par un buffet apéritif à la mode créole: samoussas, bonbons piment et nems voisinent avec les produits de métropole, notamment ceux issus de l'axe Reims - Epernay.

Matthieu, vétéran de la 49ème mission, entame son 14ème mois de séjour à Crozet et donc son second réveillon de Noël. Lorsqu'il quitte sa parka militaire et informe, il arrive à faire un barman très stylé.

Willy est lui aussi un vétéran des missions dans les TAAF. Sa fréquentation assidue de la salle de gym lui permet d'ouvrir les bouteilles avec aisance.

Franck en cravate, on aura tout vu... ou presque: il nous surprendra vraiment quand sa chevelure affrontera les ciseaux du coiffeur!
François, Compagnon menuisier étendant son "Tour de France" aux territoires les plus improbables et Paul, expert en chirurgie sur manchot royal.
Guillaume, à gauche, confesse ses turpitudes au Père Sébastien, conducteur de travaux du Siège des TAAF, qui l'écoute d'un air attentif en dépit de l'excellent fois gras qui attend dans l'assiette.
Anaïs, notre nouveau médecin, qui a dès à présent la charge de soigner les corps comme les âmes.
Mathieu montre le chemin de l'avenir radieux à Timothée, qui à l'air de suivre...
Comment les populations de grands albatros réagissent-elles au réchauffement global? Sébastien, chef des agents de la Réserve Naturelle, mène ses investigations.
Sylvia, muse ou égérie de la 49 ème mission? En tout cas, on a réussi à la faire sortir de la Manchotière pour quelques heures.
Laureline, la binôme et bientôt remplaçante de Sylvia...
Maxime reçoit son cadeau...
Jean Maxo est arrivé par l'Osiris au début du mois... il est notre expert en bardage de bâtiments.
Stephen, de notre binôme de cuisiniers. Sait garder le grand sourire malgré l'adversité (qui s'est manifesté à sa main gauche....)
Voilà, ce blog n'a pas vocation à vous monter les 33 hommes et femmes de la base d'un seul coup, il reste donc à remercier: Guillaume, dans le rôle du Père Noël, parfois décadent, toujours efficace; Fabrice, dans le rôle du pingouin souriant (son plumage lui a tenu chaud toute la soirée) et Philippe, le gérant postal transformé en Père fouettard pour l'occasion. A bientôt !

samedi 22 décembre 2012

Les orques à la Pointe du Bougainville

La Pointe du Bougainville est située non loin de la base Alfred Faure, à une trentaine de minutes de marche en direction du Sud. L'essentiel du trajet consiste à traverser un vaste champ de pierres avec, ici et là, des mousses et des azorelles. Et hélas, beaucoup de pissenlits aussi, apportés par l'activité humaine sur la base depuis cinquante ans.

Les spécialistes estiment qu'il est trop tard pour éradiquer le pissenlit de Crozet. Des efforts sont faits pour éliminer d'autres espèces invasives encore peu présentes, et surtout pour éviter d'en introduire de nouvelles. Ici, le pissenlit s'implante sur des coussins d'azorelles.
Il n'existe pas de piste pour cette traversée, il faut se diriger de cairn en cairn. Ces assemblages de pierres sont conçus de telle façon pour que, une fois arrivé au pied de l'un d'entre eux, on aperçoive le suivant.... Les jours de brouillard, c'est le GPS qui prend le relais!



A la limite du champ de pierres et des mousses, se trouve une petite station météo qui mesure la température , la pluviométrie et les vents. Les données sont enregistrées localement et un scientifique vient périodiquement les charger sur un ordinateur portable.


La végétation de ces zones est réduite aux mousses, aux lichens et à quelques graminées chétives. On y trouve aussi deux espèces de lycopodes, des plantes vivaces assez primitives.

Lycopodium magellanicum préfère les terrains moyennement humides...

Lycopodium saururus aime les sols gorgés d'eau.

 En entrant dans la zone couverte de végétation, on rencontre un couple de pétrels géants subantarctiques, loin du garde-manger habituel (la Manchotière). 





Les falaises au sud de la Pointe du Bougainville

 La Pointe se termine par une sorte d'isthme en basalte, en contrebas de la falaise. La partie la plus basse, battue par les vagues quand la mer est mauvaise, est dépourvue de toute végétation.


Alors que le retour vers la base s'impose, un aileron fendant les eaux calmes attire le regard !


Une famille d'orques longe la côte... Ces gros mammifères sont suivis individuellement, notamment grâce à la forme des tâches blanches qui leur sont spécifiques. Plusieurs dizaines d'individus fréquentent les eaux de Crozet en cette période. 

Sur la dernière photo, un jeune reproduit au plus près les mouvements de l'adulte, un mâle reconnaissable à son aileron droit (alors qu'il est plus incurvé chez les femelles)
Avant de finir ce message, je tiens à préciser que:
1) le temps calme et ensoleillé reste l'exception à Crozet
2) on peut rester deux jours assis au bord d'une falaise sans voir un orque (certains en savent quelque chose!).
Bonnes fêtes de fin d'année à tous, le prochain message sera à propos de nos festivités locales...

samedi 15 décembre 2012

Sur le chemin du Bollard

Retour au calme à Crozet... C'est l'occasion de vous présenter un itinéraire peu emprunté car situé dans une zone protégée, le chemin du Bollard. Il serpente sur environ un kilomètre au départ de la base Alfred Faure, vers les falaises situées à l'Est. Sur sa partie supérieure, il traverse des étendues de fougère rase (Blechnum penna marina) et est largement recouvert de caillebotis destinés à protéger la végétation.

En arrière-plan, la Manchotière de la Baie du Marin, fort occupée en cette période où les manchots royaux couvent leur œuf unique.
Dès ce premier tronçon, le visiteur pénètre dans le domaine des grands albatros. Plusieurs dizaines d'individus y ont établi leur nid, le secteur étant relativement abrité des vents dominants venus du sud-ouest. Chaque nid est répertorié et chaque individu bagué et suivi au long de sa vie.

Adulte sur son nid.
Grand albatros juvénile, reconnaissable à son plumage sombre.

Les nids les plus proches sont à moins de dix mètres du chemin, il faut éviter de s'en approcher...
 Le chemin se rapproche alors du bord de la falaise. Sur le côté gauche, on peut observer une vaste zone rocheuse plate au pied de la falaise, où de nombreux manchots viennent se reposer avant de repartir pêcher.

Les strates de lave et de scories sont bien visibles sur la tranche de la falaise.

Une petite crique où les dépôts ferrugineux contrastent avec le turquoise de l'eau et le vert tendre de la végétation littorale...

Algues laminaires Durvillae antarctica,  pouvant atteindre plusieurs dizaines de mètres de long.
Une graminée endémique (Poa cooki) perdue au milieu d'une vaste plaque de Crassula moschata, plante rampante à feuille charnue se développant de préférence en zone littorale
Autre zone rocheuse abritée des vagues, mais de surface plus irrégulière: seuls quelques animaux isolés y trouvent refuge. L'endroit est également un bon emplacement pour observer les évolutions des orques.

Trois espèces se côtoient ici: un jeune éléphant de mer, un manchot papou et un goéland dominicain....

Un sterne de Kerguelen se pose... c'est un des plus petits oiseaux présent à Crozet.
Le chemin se fait plus ténu, remonte et s'éloigne un peu de la falaise... on y trouve des spécimens de trois plantes typiques des îles australes: le choux des Kerguelen, l'acaena (une rosacée) et l'azorelle qui s'étale en coussins.
Le chou des Kerguelen, parfois attaqué par les rats introduits au XIXème siècle et qui subsistent aujourd'hui encore à Crozet.
Acaena magellanica, qui régresse à Kerguelen sous l'effet de la sécheresse et des espèces végétales invasives (pissenlit notamment) mais se maintient bien à Crozet
Azorella selago, la seule plante à Crozet que l'on trouve depuis le littoral jusqu'à plus de 600 mètres d'altitude. La texture très dense des coussins d'azorelle lui permet de supporter les vents les plus violents. La plante est par contre sensible aux chocs et ne supporte pas le piétinement. Elle pousse très lentement mais peut coloniser presque tous les terrains. 
Les alignements permettant aux navires de se positionner pour un mouillage en sécurité dans la Baie du Marin, de jour comme de nuit.
Le secteur des alignements est avant tout une zone survolée en permanence par les albatros fuligineux qui nichent dans la falaise en contrebas, à l'abri des prédateurs.  

Un peu en surplomb, un couple de skuas. Ces prédateurs sont grands amateurs d’œufs laissés sans surveillance quelques instants! Très peu farouches à Crozet, ils se laissent approcher à moins d'un mètre, quand ce ne sont pas eux qui prennent l'initiative de venir plus près encore !
La base n'est qu'à quelques centaines de mètres. On notera la présence de plaques de neige sur les reliefs, à moins d'une semaine de l'été austral.

Cette courte promenade (moins d'une heure pour la marche et les prises de vues) montre que le secteur du Bollard concentre à lui seul beaucoup d'espèces animales et végétales endémiques de Crozet. Selon les jours, on peut aussi y observer orques ou otaries. Sa situation, proche du rivage et abrité des vents dominants, en fait un endroit privilégié mais fragile qu'il convient de protéger en limitant sa fréquentation par les hommes.

samedi 8 décembre 2012

Appareillage de la Curieuse pour Kerguelen

Ce samedi 8 décembre, dès 7h30 les dix passagers à destination de Kerguelen ont débuté leur embarquement à bord du zodiac de la Curieuse. En six rotations, tous les passagers et le fret ont pu être embarqués, en dépit d'un vent assez fort. A 10h00 tout était terminé, l'appareillage effectif de La Curieuse n'intervenant qu'après le déjeuner à bord. Elle devrait mettre environ cinq jours à atteindre Port-aux-Français, qui sera sa base pendant environ un mois, avant de regagner La Réunion.

Voici les photos de cette matinée:

La "Curieuse" au mouillage en Baie du Marin, sur fond d'île de l'Est

7h15: l'attente près des shelters, à l'abri du vent et de la pluie...

Le zodiac est à l'approche, les quatre premiers passagers (vestes vertes de la Réserve Naturelle) vont embarquer dans quelques instants, après avoir récupéré leurs gilets de sauvetage.


Comme d'habitude, les gros animaux sont à peine dérangés par la présence humaine.

Débarquement de David, le nouveau "Gener" de l'IPEV (pantalon beige)
Antoine, Simon, Rémy et Paul en route vers la Curieuse

Matthieu s'apprête à céder ses fonctions de "Gener" à David

Départ d'Alexis, Sophie, Alexia et Elsa.

Joan et Thomas sont les derniers à quitter l'île de la Possession.

Départ du dernier zodiac chargé notamment de carottes pour Kerguelen !